La cause féministe passe par le Portugal

"La cause féministe passe par le Portugal

La cause féministe passe par le Portugal
avortement . Le Portugal fait encore partie des pays européens qui criminalisent le recours à l’IVG. Le référendum de dimanche peut changer la donne. Huit féministes d’Europe lancent dans nos colonnes un appel à faire de ce droit une valeur fondamentale de l’Union.
Tous les féministes d’Europe sont aux côtés des femmes et des hommes du Portugal, qui luttent depuis tant d’années pour sortir leur pays d’une situation moyenâgeuse. Elle se perpétua avec le régime fasciste et clérical de Salazar-Caetano et lui a malheureusement survécu jusqu’à aujourd’hui. En ce sens, le référendum de dimanche portant sur la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse est un rendez-vous historique dans la lignée de la révolution des oeillets du 25 avril 1974. Certes, il n’est question que de dépénalisation dans les dix premières semaines et non de légalisation, mais si le « oui » l’emporte, ce sera une victoire pour le droit des femmes, pour celles qui se sont engagées dans un combat difficile bravant les poursuites judiciaires.
Un combat long à l’échelle de l’Europe. Dans la France pompidolienne de 1972, l’avocate Gisèle Halimi défendait devant le tribunal de Bobigny cinq femmes, poursuivies pour avortement, dont une jeune fille qui avait été violée. Un procès retentissant qui participa de l’éveil des consciences deux ans avant que la loi Veil fût adoptée malgré les hurlements haineux d’une partie de la droite. Un combat qu’il faut poursuivre à l’échelle de l’Union européenne. Le Portugal en effet n’est pas une exception obscurantiste. D’autres États de l’UE maintiennent encore les femmes dans une situation de non-droit ou leur opposent des restrictions et des conditions culpabilisantes. L’IVG est interdite à Malte, à Chypre, en Irlande et dans la Pologne des frères Kascinski.
Le débat qui a animé la France pendant la campagne du référendum sur le traité constitutionnel a mis en lumière le fait que le projet de charte des droits fondamentaux, le droit à l’IVG et même à la contraception n’étaient pas même mentionnés. Le combat est donc loin d’être achevé, ce dont témoignent huit personnalités féministes, qui affirment que le droit des femmes à l’IVG doit devenir une valeur commune à toute l’Union."

Jean-Paul Piérot


L’humanité du samedi 10 février 2007

http://www.humanite.presse.fr/journal/2007-02-10/2007-02-10-845705